Le Professeur Sicking de Leyde (Leiden) m’a confié un jour qu’il arrêtait la lecture d’un livre dès que l’auteur faisait un faux-pas. Un raisonnement erroné, un mot mal placé, un passage faible le conduisait à abandonner sans pitié la lecture du livre ou de l’article. Je ne sais pas si je dois admirer ou rejeter cette façon de lire. Un auteur n’a-t-il pas le droit à une seconde chance ? Un passage plein de force ne peut-il pas suivre un passage médiocre? Ne faut-il pas prendre connaissance des idées que, de premier abord, on ne partage pas ?

Le critique littéraire français, Valéry Larbaud, avait l’habitude d’écrire ses recensions dans le train. Quand il avait fini un livre ou que celui-ci ne lui plaisait pas, il le jetait par la fenêtre. Beaucoup d’auteurs français ont ainsi atterri entre les rails de Gare de l’Est. Il m’est arrivé de lire un livre de Larbaud dans un train. C’était un magnifique et passionné portrait de Saint Jérôme, le patron des traducteurs. Quand je l’ai eu fini, j’ai tenté de le jeter par la fenêtre. Sans succès !

Il y a de nombreuses façons de finir une lecture, de rendre une appréciation sur un ouvrage. Mes lectures, elles, s’arrêtent souvent à mon bureau. Les livres attendent entre les papiers d’être rangés sur la bibliothèque. J’ai souvent l’intention d’écrire quelque chose à leur sujet mais l’intention ne se transforme pas toujours, loin de là, en réalisation. Dans cette rubrique, je voudrais rassembler des suggestions de lecture et des commentaires. Ils sont là pour conserver quelque chose de ces merveilleuses lectures, souvent intemporelles. Et également pour partager celles-ci avec les autres!