Quand nous voyons où des saints ont habité, nous pouvons mieux les comprendre. Nous pouvons si nous sommes sur le lieu même, non seulement mieux nous représenter comment ils ont vécu, mais en même temps acquérir une idée plus précise de leur sainteté. Car cette sainteté a le plus souvent un caractère spécifique déterminé aussi par le lieu même.

Nous devons aller à Assisi, parcourir la vallée de Spoleto pour nous représenter qui était François. Nous devons aller à la Chartreuse dans les hautes Alpes et vers les monastères retirés dans les régions montagneuses de Calabre pour mieux comprendre saint Bruno. Nous devons boire à la fontaine de Camaldoli, et grimper plus haut vers l’ermitage où les cinq frères avaient leur petite maison, pour pénétrer le charisme de saint Romuald. Et si nous voulons approfondir la vie de saint Benoît nous devons aller à Subiaco pour voir la grotte où il s’était retiré, et au Montecassino où en haut de la montagne il fonda un monastère.

Quand nous pénétrons dans leur habitat primitif, les récits des saints prennent à nouveau pour nous des formes concrètes. Alors il y a davantage de chance pour que leur sainteté ne reste pas une abstraction que nous tirons des livres et des écrits, mais qu’elle vive à nouveau pour nous.

Voici les réflexions qui me sont venues quand j’ai visité Nursia, la ville où Benoît est né, dans les hauteurs des Appenins au centre de l’Italie, à environ 150 km au nord-ouest de Rome. Qu’y a-t-il à voir à Nursia qui nous rapproche du patriarche de la tradition monastique occidentale, un homme que nous honorons en effet habituellement avec l’épithète de Nursia?

Benoît était un habitant de la montagne, avec un physique résistant qui lui permettait de braver les privations du rude pays. Il pouvait grimper comme une chèvre de montagne et avait un regard aiguisé et large avec lequel il scrutait l’horizon et voyait se déplacer sur les collines les troupeaux, les agneaux isolés et les voyageurs en quête.

Extrait d’une conférence sur Saint Benoît. Un grand merci à soeur Jacqueline pour la traduction en français et au père Thierry pour la publication dans la Revue bénédictine de Mont-César.